Petit Pays de Gael Faye
Il est des livres dont on ne se libère qu’en les terminant, mais on continue longtemps à vivre dedans. On n’a pas envie d’en parler, mais seulement de crier au monde entier : Lisez-le !
Pour en parler tout de même : le récit commence comme la Guerre des boutons, mais l’angoisse plane déjà, car on sait que le petit pays est le Rwanda, ou le Burundi voisin, où l’auteur – de mère Tutsi – a passé son enfance. Pourtant, la première partie du récit : l’évocation de l’enfance, de la bande de potes, de ce père si fort, de cette mère si belle, si libérée, est si drôle qu’on espère échapper à la catastrophe. On vit avec le narrateur dans ce monde enchanté et on mesure, dès le début, incrédule, tout ce qui va être perdu.
Gaël Faye était déjà rappeur (« Petit pays » a d’abord été une chanson). Son entrée en littérature avec ce premier roman est une remarquable réussite. D’une écriture souple et directe, le Petit pays a été plébiscité, notamment par les lycéens et les étudiants et la multitude de récompenses reçues, comme le Goncourt des lycéens, prouve que les prix sont parfois très bien décernés.
Gaël Faye, Petit pays, Grasset, 216 p., 18 €.