24 septembre 1981: Opération Van
Le 24 septembre 1981, à 11h15, quatre hommes entrent dans le consulat général de Turquie, boulevard Haussmann, à Paris.
Les assaillants, qui déclarent être membres de l’armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), menacent de faire exploser le bâtiment si les policiers français tentent d’intervenir.
S’en suit une prise d’otages (56 otages) longue de 16 heures . 16 heures d’une inédite couverture médiatique qui va littéralement briser le mur du silence qui existait jusqu’alors autour de la Cause arménienne.
Parallèlement, le commando exige la libération de prisonniers politiques en Turquie, au rang desquels figurent deux prêtres (dont Manuel Erkatyan)et des combattants révolutionnaires (cinq Turcs et cinq Kurdes).
Dès le début de l’opération, Vazken Sislian, le chef du commando, est blessé par un garde turc, Cemal Ozen, qui est directement neutralisé par une balle en retour.
Très vite, les preneurs d’otages libèrent une mère et son enfant, présents dans le consulat. Cemal Ozen est libéré au bout de six heures, et confié à une équipe médicale de la police. Il meurt, peu après, dans un hôpital parisien.
Les images des membres du commando, aux fenêtres du consulat, ainsi que le « V » de la victoire de Vazken Sislian au moment de sa reddition font le tour du monde, et avec elles, les revendications de justice du peuple arménien.
Pendant le procès des assaillants, Meliné Manouchian, veuve de Missak Manouchian, figure de la résistance contre les nazis, est appelée à témoigner. Elle déclarera : « Voici les enfants que nous aurions aimé avoir avec mon mari ». Au même moment, ont lieu à Paris, des marches de soutien aux accusés lors desquelles les manifestants scandent notamment « Lutte armée, Arménie ».
Les quatre militants, Vazken Sislian, Kevork Guzelian, Aram Basmajian et Hagop Djulfayan, sont condamnés, le 31 janvier 1984, à sept ans de prison (dans lesquelles sont incluses les années de leur séjour en détention provisoire). Le verdict provoque une vive colère en Turquie.
Selon Monté Melkonian, alors membre de l’ASALA, qui a lui même entraîné le commando, l’opération Van marque le
« pic historique de l’ASALA. C’est le plus grand succès militaro-médiatique jamais obtenu dans l’histoire de la diaspora… En résumé, ce fut un énorme succès qui a créé une atmosphère jamais connue auparavant d’enthousiasme patriotique, et qui fait de l’ASALA l’espoir aux yeux d’un grand nombre d’Arméniens pour la réalisation de nos aspirations nationales ».