27 janvier 1973: Kourken Yanikian assassine le consul général de Turquie.
Le 27 janvier 1973, Kourken Yanikian assassine le consul général de Turquie Mehmet Baydar et le vice consul Bahadir Demir, aux Etats-Unis. Pour organiser son opération, il se fait passer pour un collectionneur et marchand d’art iranien. Il avait promis de rendre au consul une peinture volée au palais du Sultan à l’époque ottomane et leur avait donné rendez-vous à l’Hôtel Biltmore de Santa Barbara. Au cours de leur discussion, Yanikian leur révèle qu’il est arménien, le ton monte et Yanikian sort deux pistolets dont un qu’il avait dissimulé dans un livre creux pour abattre les deux officiels turcs. Il appelle ensuite la police pour se rendre. Cinquante agents fédéraux sont missionnés par le FBI après des pressions de l’ambassade de Turquie pour enquêter sur ses antécédents.
Le procès débute le 29 mai 1973. Kourken Yanikian est poursuivi pour deux homicides volontaires. Il plaide non coupable.
L’un des deux avocats de Yanikian, Vasken Minasian, transmet une note au Procureur du Comté de Santa Barbara, David Minier en charge du dossier, où il l’exhorte à porter l’accusation contre le crime de génocide plutôt que contre son client et lui demande d’abandonner les charges contre celui-ci, ce qui aurait fait de lui un symbole immortel de justice dans le monde. Il ne l’a pas fait et le regrette aujourd’hui selon ses propres termes. S’il a maintenu l’accusation contre Yanikian, Minier le fera tout de même témoigner : Kourken Yanikian s’est en effet tenu 6 jours durant à la barre des témoins décrivant les exactions commises par l’État turc pendant le génocide de 1915.
Le 2 juillet de la même année, il est reconnu coupable de deux homicides volontaires. S’il ne conteste pas la décision, il s’insurge tout de même en déclarant qu’un tribunal international aurait dû reconnaître la responsabilité de l’État turc dans le génocide des Arméniens et que son peuple n’avait pas eu de Nuremberg (en référence à la condamnation des responsables de la Shoah et des crimes contre l’humanité commis par les nazis).
Il est condamné à la perpétuité.
Aucun tribunal n’ayant eu le courage ou la volonté de faire justice pour le peuple arménien, Kourken Yanikian a alors pris cette responsabilité.
Bien des militants arméniens vont lui emboîter le pas pendant quinze ans, participant indéniablement à remettre la cause arménienne sur le devant de la scène.