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Déclaration du mouvement Charjoum sur la mobilisation en Arménie

Serj Sarkissian, Président impopulaire et dont la légitimité a été, à maintes reprises, décriée par le peuple arménien, a été nommé, mardi 17 avril, par les membres du parlement, Premier ministre de la République d’Arménie.

Depuis la modification constitutionnelle opérée en 2015, l’Arménie a réformé son régime pour opter pour une forme parlementaire. Le rôle du Président est devenu honorifique tandis que celui de Premier ministre a été largement renforcé. C’est en 2008 que Serj Sarkissian avait été élu Président pour la première fois. Son arrivée au pouvoir a été marquée par d’importants affrontements ayant conduit à la mort de 10 personnes. En effet son élection avait provoqué le soulèvement du peuple d’Arménie qui contestait sa validité. La police avait fait preuve de violences spectaculaires et avait reçu l’autorisation d’user des armes contre sa propre population dans un effort colossal pour stopper les contestations. Serj Sarkissian a été réélu en 2013 suite à des fraudes massives. Cette fois encore les contestations furent nombreuses, d’autant plus que l’un de ses opposants avait été blessé par balle durant la campagne électorale.

Après 10 ans de « règne », Serj Sarkissian s’accroche au pouvoir. Pourtant, le bilan de l’ère Sarkissian est désastreux : plusieurs centaines de milliers de personnes ont quitté l’Arménie durant cette période, la dette extérieure a augmenté d’environ 6 milliards de dollars, la corruption gangrène toutes les sphères de la société, le système judiciaire n’a jamais été aussi partial, l’opposition politique totalement étouffée par de nombreuses incarcérations. Selon les chiffres officiels, 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En réalité les chiffres de la misère sont bien plus conséquents.

Dans ce contexte, à l’approche de l’élection du Premier ministre, un mouvement populaire « Reject Serj » est né. A l’initiative du député d’opposition Nicol Pashinyan, et sous l’impulsion de la jeunesse étudiante, depuis le vendredi 13 avril et dans toutes les villes importantes d’Arménie, des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes sont tenues afin de faire entendre le refus catégorique du peuple de voir le régime de Serj Sarkissian reconduit une fois supplémentaire. Ce sont les principales routes d’Erevan et notamment celles menant au parlement ainsi que le métro qui ont été bloqués par les manifestants.

En total mépris de la volonté du peuple, le 17 avril dernier, Serj Sarkissian a pourtant été nommé Premier ministre par la caste politique d’Arménie. Depuis, les manifestations ne font que prendre de l’ampleur et la « désobéissance civile », pacifique, a été décrétée. Mais le pouvoir répond par la violence d’une police qui bénéficie d’un budget supérieur à celui de l’armée pour son équipement. L’Arménie est pourtant un Etat en guerre contre le voisin azerbaïdjanais. Nous ne pouvons tolérer de revivre les événements de 2008.

Le peuple d’Arménie semble déterminé à faire entendre ses aspirations à construire une Arménie plus juste et ce malgré les violations évidentes de droits des manifestants réprimés violemment. La répétition des violences faites par la police du régime ne saurait être tolérée. La diaspora doit accomplir son devoir de solidarité et se tenir aux côtés du peuple dans sa lutte pour l’instauration d’une démocratie réelle en Arménie. Charjoum assure son soutien à la lutte du peuple d’Arménie et rend hommage à la détermination des toutes celles et ceux qui résistent aujourd’hui, pour construire un pays plus juste et harmonieux demain.

Vive le peuple d’Arménie en lutte ! REJECT SERJ !