La structure est pourrie, camarade de Viken Berberian et Yann Kebbi
Erevan à l’heure de la supposée modernisation urbanistique : son Boulevard du Nord, ses centres commerciaux… et la population chassée par le béton.
Le roman graphique de l’écrivain Viken Berberian et du dessinateur Yann Kebbi s’attaque à ce problème. L’énorme boule suspendue à un cable, qui se balance tout au long des pages et pulvérise tout ce qu’elle heurte, symbolise la folie destructrice de ceux qui, depuis quelques années, croient moderniser la ville en la coupant de son histoire et en expropriant les habitants.
Certaines villes sont détruites par les guerres, mais d’autres sont défigurées même en temps de paix, « par négligence ou mauvais goût ».
Dans le roman, le fautif est un magnat du béton, dont l’idéal artistique est le « brutalisme architectural ». Son fils, architecte raté mais illuminé, a de grands projets, qui vont tourner court.
Les auteurs lâchent la bride à leur imagination et font quelques trouvailles amusantes : des répliques, des éléments du dessin. De là à mériter toujours l’accueil très favorable de la critique – « les piques hilarantes » de Viken Berberian (Le Monde), « les dessins flamboyants de Yann Kebbi qui rappellent les audaces fauves de Delaunay ou de Dufy » (Libération) – on peut en discuter.
La maison d’édition présente justement, sur son site, un extrait de l’ouvrage. À consulter peut-être avant d’investir.