Négationnisme et liberté d’expression d’Alexandre Lobry
Génocide, négation, pénalisation de la négation… Depuis plusieurs années, des strates successives se sont accumulées. La loi Gayssot date de 1990 : une génération entière a grandi dans ces problématiques, qui sont de plus en plus loin d’être réglées. Les différentes instances se contredisent mutuellement : Parlement et Conseil Constitutionnel, justice d’un État et Cour européenne de Justice… Où est le droit ?
L’ouvrage d’Alexandre Lobry clarifie énorménent les idées sur ce sujet.
Un aspect de son approche est historique. Il retrace les principales étapes du processus par lequel la France a voulu légiférer pour pénaliser la négation des génocides et crimes contre l’humanité. Il situe également ces étapes dans leur contexte : comment et pourquoi la loi Gayssot est-elle née dans la France des années 90 ?
Mais l’essentiel du travail d’Alexandre Lobry est juridique (cet ouvrage est issu de son master II de droit). Avec une grande précision et également beaucoup d’objectivité, l’auteur explique les enjeux et les arguments qui s’opposent. Il donne une vision particulièrement claire des problématiques en mettant en évidence les tensions, comme l’indique déjà le titre : d’un côté, il est juste de ne pas nier la vérité sur les violences de masse; d’un autre côté, il est juste de respecter la liberté d’expression. À un moment donné, il y a conflit entre les principes. C’est à ce moment-là que nous sommes arrivés, semble-t-il, avec la question de la pénalisation ou non de la négation du génocide des Arméniens dans un contexte de remise en cause des lois jugées mémorielles.
Le plan de l’ouvrage est explicite, les paragraphes courts et concis.
Par sa clarté et maintenant par sa publication, cette étude est désormais accessible à tous.
Alexandre Lobry, Négationnisme et liberté d’expression, Éditions universitaires européennes, 2016, 102 p., 39,9 €.